Comment utiliser un stylo-plume

Comment utiliser un stylo-plume

Le stylo plume est-il voué à disparaître face à la suprématie de la technologie numérique ? Les claviers et désormais les écrans tactiles ont replacé le doigt, premier instrument d’écriture, au centre des outils. Écrire des pages et de longs textes n’est presque plus d’usage. Le stylo est utilisé pour écrire deux mots sur un post-it et, éventuellement, pour signer. Si le stylo et a fortiori les stylos-plumes sont moins utilisés, sont-ils pour autant désuets ou démodés ? Les personnes qui utilisent le plus les stylos ne sont pas nécessairement celles qui utilisent le moins les ordinateurs et les nouvelles technologies. Opposer les deux n’a pas grand intérêt.

Pour utiliser correctement un stylo-plume, il y a quelques petites choses à apprendre. Beaucoup l’ont déjà appris à l’école, mais pour d'autres, plus jeunes, et à regret, l’écriture au stylo-plume ne fait plus partie des enseignements de base. Un stylo-plume, outre son aspect esthétique, est la combinaison de plusieurs éléments : la plume, ses formes, ses tailles, la matière du corps, son poids, son diamètre. Vous pouvez apprécier plusieurs de ces combinaisons, chacune d'entre elles modifie votre style d’écriture, sans oublier le papier sur lequel vous écrivez. Vous l’aurez compris, il s’agit d’une découverte, d’un parcours initiatique plus que d’un apprentissage rébarbatif.

L’outil, l’instrument

L’écrit, y compris le dessin, est le mode de communication persistant le plus utilisé de l’histoire de l’humanité. Dans un million d’années, nous aurons peut-être un million d’années de vidéos, mais pour le moment, les transmissions de génération en génération se sont faites par l’écrit. Le stylo a donc beaucoup évolué au cours des siècles, se transformant sans cesse.

Un stylo à bille est un ensemble de composants et de mécanismes qui fonctionnent grâce à des contraintes physiques et des interactions chimiques. Avec le temps, l’évolution technique a permis de mieux maîtriser toutes ces interactions. Pour utiliser un stylo, il faut donc savoir le recharger en encre, l’entretenir, puis l’essayer, le solliciter sur différents types de papier et avec différentes encres. Il en existe des centaines !

Les encres

Les encres se distinguent par leur couleur, leur temps de séchage, leur fluidité, leur persistance ou encore leur texture. Une même encre peut offrir des possibilités d'utilisation différentes selon le stylo utilisé. Notamment la matière de la plume qui peut réagir avec le pH de l’encre. Chaque fabricant développe fréquemment ses propres encres et solutions chimiques pour offrir un confort et une satisfaction d’écriture maximaux.

D’après mon expérience personnelle, vous n’apprécierez pas un seul stylo, mais plusieurs, et bien entendu, plusieurs encres. À chaque instant particulier, un stylo, chaque support, une encre. Vous pouvez devenir un amateur passionné en peu de temps.

Remplir son stylo

Le stylo s’exprime bien lorsqu'il est abondamment approvisionné en encre. Un stylo neuf doit être rempli ; ils sont vendus vides et secs. Un stylo ancien, acheté ici et là, doit être nettoyé et séché avant d'être à nouveau chargé. Les stylos neufs sont généralement vendus avec une cartouche de la marque. Le fabricant souhaite en effet offrir une expérience d’écriture immédiate. La cartouche est au format du stylo et il suffit de la poser à l’arrière de la section pour presser son bouchon et le rompre. Ce bouchon est bien souvent une bille en plastique, mais il peut également être en métal et obstruer la cartouche. À noter que les cartouches Platinum sont dotées de billes de métal qui permettent également de mélanger l’encre dès que le corps du stylo connaît un mouvement. Les cartouches peuvent être de différentes tailles et formats, même si le format international dit « Waterman » est largement diffusé. Certaines marques, comme Cross, Parker, Cartier, Sheaffer ou Lamy, ont leur propre format.

Il est préférable d’utiliser de l’encre en bouteille pour deux raisons. D’une part, le choix en la matière est énorme et bien plus large qu’avec des cartouches. D’autre part, les cartouches étant en plastique, il est fortement souhaitable d’éviter d’en consommer pour préserver la planète. Écrire avec un stylo plume et une bouteille d’encre ne nécessite rien d'autre que l'encre et le papier.

L’encre en flacon se conserve très longtemps, dans une cartouche elle peut sécher et se décanter. Pour utiliser de l’encre en bouteille, il vous faut un convertisseur, c'est-à-dire une pompe à vis. Certains stylos à piston n’acceptent que l’encre en flacon, le piston étant fixé à la section. Le convertisseur s’installe à l’arrière de la section, comme une cartouche. Une fois le convertisseur installé, vous devez plonger la plume dans la réserve d’encre. Vous n’avez qu’à tourner la vis pour aspirer l’encre. Les convertisseurs sont tous transparents pour vérifier le niveau d'encre. Vous pouvez remplir directement votre convertisseur ou bien en plongeant la plume dans l’encre.

Les stylos dits « eye dropper » (pipette en anglais) vous demandent de remplir le corps du stylo directement. C’est le corps du stylo qui fait office de réserve d’encre. C’est le système le plus capacitif, avec environ dix cartouches de capacité. Il existe des systèmes plus anciens avec levier. Le levier vient presser un sac et crée ainsi une aspiration de l'encre. Pratiquement aucun stylo moderne n’utilise ce système peu satisfaisant. Le sac en nylon peut en effet se détériorer avec le temps et il est difficile de le remplir complètement. Je n’ai vu que des stylos très bon marché chinois utiliser ce système sans levier, mais avec une barre de remplissage, encore appelée « sleeve filler ».

Au fil du temps, des stylos plus complexes

Pour les stylos à piston, le système fonctionne sur le même principe : l’aspiration de l’encre. Une vis est actionnable à l’extrémité du corps du stylo. Cette vis permet à un piston de monter et de descendre, aspirant l’encre. Les systèmes à piston sont plus capacitifs que les convertisseurs, car ils utilisent plus d’espace dans le corps du stylo. Une fois chargé, il y a plus d’encre. Certains modèles ont une transparence, une jauge pour voir le niveau d’encre et sa couleur. Ils sont appelés « démo » et sont très appréciés des collectionneurs américains.

Il existe également des stylos à double réservoir, notamment les stylos italiens de la marque Visconti ou les stylos allemands de la marque Otto Hutt. Le double réservoir permet un appel d’air qui engendre une dépression dans le corps du stylo. L’encre est ainsi aspirée avec plus de pression dans la réserve, et donc en quantité plus importante. Certains stylos, comme le Diplomat Nexus, sont équipés d’un système permettant d’arrêter volontairement le flux d’encre. Cela empêche le stylo de fuir en altitude, par exemple. Enfin, vous pouvez toujours utiliser une seringue ou une pompe seringue pour recharger une cartouche avec une bouteille d’encre. La cartouche en plastique ne connaît presque aucun frottement et ne s’use presque pas. Vous pouvez la réutiliser à volonté.

La quasi-totalité des stylos se rechargent par la plume. Vous plongez la plume dans l'encre et celle-ci remonte dans le stylo par aspiration. Il est intéressant de noter que Sheaffer a mis au point dans le passé un système de recharge via un tube sous la plume. Ce système s’appelle « snorkel ». Ce système est peu répandu.

Commencer à écrire

Généralement, il y a suffisamment d’encre dans la plume lors du remplissage pour faire l’amorce. Ensuite, l’encre de la réserve arrivera par capillarité et via le conduit. Si cela ne fonctionne pas, vous pouvez activer l'arrivée d’encre en secouant le stylo. Vous pouvez aussi faire sortir de l’encre en dévissant légèrement le convertisseur. Pour éviter de tacher votre papier, faites ceci au-dessus d’un évier, d’un cendrier ou d’une sous-tasse, car il est fort probable qu’une goutte tombe de la plume. Il est très agréable de voir une grosse goutte d’encre s’écraser dans un cendrier en verre immaculé. L’encre a un grand pouvoir couvrant, une seule goutte, très étalée, permet de réaliser une grande tâche. Certains artistes dessinent juste en soufflant sur des tâches d’encre.

Pour écrire, il faut parfois exercer une légère pression sur la plume. Certains modèles n’en ont pas besoin. Les plumes, même basiques en acier, glissent sur le papier et libèrent une quantité suffisante d’encre. Le matériau de la plume conditionne sa souplesse. Elles sont principalement en or, en acier, en argent ou en titane. L’or a été abondamment utilisé par le passé, car c’est le métal le plus souple.

Si votre stylo n’a ni clip ni agrafe, il risque de rouler sur votre bureau. Vous devez alors le placer sur un repose-stylo. D’une manière générale, si votre plume se casse ou tombe et qu'elle est endommagée, vous devrez la faire réparer. Il est souvent nécessaire de la changer ou de changer la section. Pour plus d’informations, lisez notre page SOS mon stylo est en panne. En effet, une plume est un objet bien plus complexe qu’il n’y paraît. Elle doit avoir deux propriétés fondamentales : la souplesse et l’alignement de la plume sur le conduit pour permettre l’écriture et l’approvisionnement en encre.

Pour une expérience d’écriture optimale, il faut bien choisir son papier. Il peut arriver que certains papiers trop absorbants fassent l’encre se répandre. On appelle cela le saignement. L’encre suit alors les fibres du papier. Un papier trop texturé fera gratter la plume et un amas de cellulose se formera à son extrémité, transformant votre stylo en feutre. Refermez votre stylo après utilisation pour éviter que l'encre ne sèche. Soit en refermant le capuchon, soit en rétractant la plume. Si la plume est sèche, une simple goutte d’eau, a fortiori d’encre, permet de ranimer son fonctionnement.

Entretenez votre stylo

Nous vous avons préparé un contenu abondant sur le sujet que vous trouverez en visitant cette page. En résumé, l’eau est le meilleur des nettoyants. Évitez la chaleur. Nettoyez plutôt le conduit et la plume que le reste du stylo, car ce sont les seules parties en contact avec l’encre. Il est encore plus important de nettoyer votre stylo si vous utilisez des encres à textures ou des encres ferro-galliques.
Vous devez démonter le stylo, séparer la section du corps et rincer. Il est parfois nécessaire de pomper l’eau avec le convertisseur. Cela est encore plus vrai avec les stylos à pistons, le réservoir n’étant pas amovible. Le rinçage permet d’éviter les dépôts solides d’encre et le mélange d’encres de différentes couleurs à chaque changement. C’est encore plus important si vous voulez une encre plus claire que la précédente.

Comment écrire avec un stylo-plume ? Comment le tenir ?

Les stylos à bille, les rollers, les crayons et les critériums peuvent être tenus dans presque toutes les positions. Malheureusement, ce n’est pas le cas pour les stylos plumes. Chacun trouvera la manière appropriée de tenir son stylo, mais il faut respecter un angle de 40 à 60 degrés entre l’alignement du stylo et la surface plane du papier. Il est plus aisé pour les droitiers d’écrire au stylo-plume, car ils placent leur main droite sur le papier, ce qui leur laisse le temps que l’encre sèche. Les gauchers auront une petite habitude supplémentaire à prendre.

Outre la position, il est important de sentir, ressentir le diamètre et le poids du stylo. C’est une approche personnelle de l’outil. S’il est trop fin, vos muscles de la main vont souffrir à le tenir. Si le stylo est trop fin, ce sont vos muscles de la main qui vont souffrir pour le tenir. Vous devez avoir une bonne prise sur la section. Il s'agit de la partie qui entoure la plume et qui permet de saisir le stylo. On saisit généralement la section avec le pouce et l’index, mais il est également possible de la saisir avec le pouce et le majeur.

La pointe de la plume doit être orientée vers le papier de sorte que vous puissiez voir la plume lorsque vous écrivez. Il est parfois possible d'écrire la plume à l'envers. Tous les enfants essaient au moins une fois. L’écriture est beaucoup plus fine, car elle ne passe pas par la pointe arrondie. La plume risque de gratter le papier et, sur le long terme, le flux d’encre arrivant n’est pas suffisant. Posez la main avec souplesse ; vous devez sentir la légèreté dans la main. La pression sur la plume permet de l’écarter du conduit et d’accélérer l’arrivée d’encre. C’est encore plus vrai pour les plumes fendues, qui sont le cas de l’immense majorité des plumes. Inutile de trop appuyer au risque d'abîmer votre plume, de vous fatiguer et d'abîmer le papier. Si l’approvisionnement en encre n’est pas suffisant, le souci vient d’ailleurs. SOS stylo en panne. Vous pouvez retourner la plume et observer où se trouve la fente et d'où arrive l’encre. Si vous utilisez votre stylo trop longtemps d'un côté ou de l'autre, vous risquez de tordre la plume et d'affaiblir le débit d'encre.

Il n’est pas si intuitif de savoir que l’on écrit avec la main mais aussi avec l’avant-bras. L’avant-bras suit les mouvements de la main pour éviter qu’elle ne se fatigue après de longues lignes et de nombreuses pages de rédaction.

Comment choisir son stylo ?

Il existe des stylos de meilleure qualité que d’autres, mais il n’y a pas de stylo ou de marque qui dépasse tous les autres. Le choix d'un stylo résulte d’une découverte personnelle, d’une rencontre avec des critères techniques différents, de l’usage qu’on en fait et du plaisir qu’on en retire. L’aspect esthétique entre évidemment en ligne de compte dans le prix, en fonction des matières et des composants utilisés ou du temps nécessaire à la fabrication. Il faut appréhender la taille du stylo en fonction de la taille de la main de celui qui écrit. La main ne peut pas être envahie par un stylo trop grand, ou au contraire par un stylo trop fin pour une main trop grosse qui serait contrainte de se contracter pour le tenir.

Il faut également tester le poids d'un stylo. Certains, en métal et notamment en laiton, sont très lourds et fatiguent à tenir trop longtemps. Les fabricants communiquent sur le poids, car un stylo léger est généralement plus agréable à tenir en main et offre un confort d’écriture accru. Les stylos lourds ou très gros sont des stylos d'apparat, qui servent principalement à produire un effet esthétique sur un bureau. Il faut apprécier le poids avec ou sans capuchon. La fixation du capuchon peut modifier l’équilibre général du stylo en main.

En ce qui concerne le capuchon, certains stylos courts, parfois qualifiés de stylos de voyage, nécessitent d'être toujours posés pour pouvoir bien écrire, a fortiori si vous avez une grande main. Le capuchon est une partie du corps. C’est le cas du Waldmann Pocket ou du Kaweco. Un stylo léger avec une pointe large permettra d’écrire plus rapidement.

Pour être à la pointe de l'écriture...

Le dernier élément à prendre en compte, peut-être le plus important, est la taille de la plume. Il en existe de multiples. Gardez à l'esprit que les plumes F M B Fine Medium Broad sont les plus courantes. Elles correspondent à l’épaisseur de trait. La grande majorité des gens choisit la taille M, qui est un choix par défaut. Vous pouvez choisir du B (large) pour plus d’impact. Parfois, vous pouvez même écrire sur du carton avec du B (je l’ai fait). Il y a en effet une pointe plus large, et donc une surface d’encre disponible plus importante.

Si vous souhaitez remplir abondamment vos carnets de note, choisissez du F (Fine) qui vous permettra d’écrire plus sur une même surface. Les Asiatiques préfèrent les pointes F et il existe même des XF ou EF pour extra fine et des UF pour ultrafine, car l’écriture des idéogrammes nécessite beaucoup de traits. Une plume fine permet de les distinguer. Pour les alphabets latins ou cyrilliques, les caractères étant plus espacés, il n’y a pas cette contrainte.

Enfin, la taille de votre plume dépend de votre style ou de l'image que vous souhaitez donner. Écrire au stylo plume est davantage l'expression de sa personnalité. Il est clair qu'en écrivant petit avec une pointe B, vous risquez de faire des amas de textes et d'encre. Il existe également de nombreuses autres formes, dites « d'architecte », pour faire de la calligraphie. Ces formes et ces tailles sont plus confidentielles. Enfin, sachez que tous les textes que nous écrivons sont rédigés à la main, au stylo-plume. Nous prenons énormément de plaisir à les concevoir, à les réaliser, puis à les retaper au clavier.

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